Ecosse : pourquoi j’ai adoré mon voyage à Aberdeen en train

La plupart des voyages en Ecosse en train font la part belle à l'Ouest. Glasgow, Fort William, Portree... Mais les trains écossais circulent aussi à l'Est. Entre Edimbourg et Aberdeen, ils longent pratiquement tout le temps la côte, offrant des paysages d'une époustouflante beauté par la fenêtre du train. 

Un voyage à Aberdeen au départ de King’s Cross

Les trains pour Aberdeen quittent Londres au départ de la gare de King’s Cross. Et c'est déjà une bonne nouvelle car cette gare est formidable ! Outre son aspect pratique (King’s Cross est vraiment juste à côté de la gare de Saint-Pancras où arrive l’Eurostar), c’est son architecture qui me plait. King’s Cross, c’est une gare bi-goût, ou « deux en un ».

D’un côté, son bâtiment historique : avec sa tour d’horloge vaguement toscane, flanquée de deux arches de briques jaunes, il est symétrique, massif, équilibré. De l’autre côté, l’extension contemporaine de la gare de King’s Cross, dotée d’une somptueuse charpente blanche métallique, ultra-design et aérienne, conçue dans un esprit gothique flamboyant 2.0 très réussi.

Extension moderne de la gare de King's Cross © Discovery Trains 

A King's Cross, j’aime aussi l’affichage des départs, on ne peut plus limpide : les horaires, les arrêts desservis (« call to »), les quais, tout est clair. Particularité de cette gare de King’s Cross : on y trouve le quai n°9 ¾, si cher à Harry Potter, mais aussi le quai n°0 qui, pour le coup, est un vrai quai, avec de vrais départs.

Voyage à Aberdeen en train LNER

Pour ce voyage à Aberdeen au départ de Londres King’s Cross, j’ai pris le nouveau train LNER.  Au retour en revanche, j’ai testé les trains de ScotRail. Et je peux recommander chaleureusement les uns comme les autres.

Le récent train de LNER qui permet de faire un voyage à Aberdeen en traversant toute l’Ecosse de l’Est au départ de Londres s’appelle Azuma. C’est un mot… japonais, qui signifie « Est ». LNER rend ainsi hommage au constructeur japonais de ses moteurs et à l’Ecosse de l’Est qui est la destination du train.

La première classe du train Azuma est particulièrement confortable. Les larges fenêtres du train offrent des vues panoramiques. Les fauteuils pourpres sont larges, équipés de prises, inclinables. Une équipe attentionnée passe très régulièrement pour vous proposer à boire ou à manger. En effet, en première classe, le repas chaud servi à votre place dans de la vraie vaisselle est inclus (le menu précise que la plupart des aliments proviennent des villes où passe votre train !). Cerise sur le cupcake : dans le train Azuma de LNER, le wifi est de bonne qualité sur quasi la totalité de l’itinéraire.

A King's Cross, les trains pour l'Ecosse en couleurs primaires © Discovery Trains

Les Intercity de ScotRail pour explorer l’Ecosse de l’Est

Pour mon retour d'Aberdeen, je n’ai pas pris un train direct, mais des Intercity qui m’ont permis d’explorer notamment Dundee et Perth avant de m’arrêter à Edimbourg. J’ai donc pris des trains Intercity de ScotRail (avant d’enchainer avec le Caledonian Sleeper jusqu’à la capitale britannique). Et là aussi, bonne surprise. Les trains de ScotRail qui relient les villes de la côte Est et du centre de l’Ecosse sont beaux, confortables et très propres. Beaucoup plus proches d’un TGV récent que d’un Intercité ou d’un RER vieillot. Le wifi à bord est moins bon que sur LNER. Mais le confort était sans reproche : sièges confortables, moquette impeccable. (A noter cependant que les trains britanniques n’ont pas la tablette repliable qu’on trouve dans les trains français, ce qui s’avère un peu moins pratique au moment de s’installer ou de quitter sa place).

Beauté des paysages dès la sortie de Londres en train

Mais le plus grand plaisir d’un voyage à Aberdeen en train c'est bien sûr le paysage. Si vous avez la chance de pouvoir réserver une place côté mer préparez-vous à assister à un spectacle quasi continu. Le train quitte King’s Cross à 14h. La sortie de Londres elle-même est étonnement agréable : pas de grise banlieue taguée à laquelle on pourrait s'attendre, le paysage est rapidement vert et pavillonnaire, semé de rangées de maisonnettes anglaises blanches ou brique, aux fenêtres soulignées de blanc. Les champs sont rapidement piqués de moutons et de buissons en fleurs, parfois flattés de quelques châtelets (même si on est encore loin des Highlands).

York, Newcastel-upon-Tyne, Alnmouth

Le train LNER avance en direction du Nord. Nous croisons bientôt la cathédrale d’York, le plus grand édifice gothique d'Europe du Nord. Plus loin, vers Newcastel-upon-Tyne, le train emprunte le pont King Edouard VII, offrant une vue sur son superbe voisin le Tyne Bridge, d’un bleu vif. Plus loin encore, se profile le joli village d'Alnmouth au bord de la mer du Nord. Depuis la grande fenêtre du train en première classe, la vue sur les maisonnettes colorées est parfaite. Bientôt nous arrivons à Berweek-Upon Tweed, la plus nordique des villes anglaises.

Vue du pont depuis le pont © Discovery Trains

A la frontière avec l’Ecosse, le paysage change. Les vastes prairies cèdent la place aux landes semées d’ajoncs. Depuis la fenêtre, on dirait des genêts. Mais cette plante buissonnante, d’un jaune éclatant est bardée de longs piquants qui ne trompent pas, ce sont bien des ajoncs, que les Britanniques nomment les « gorces ». Si la fenêtre du train pouvait s’ouvrir, on sentirait peut-être leur odeur caractéristique de … noix de coco !

La frontière entre l’Angleterre et l’Ecosse par la fenêtre du train

Le train longe désormais littéralement la mer. Et soudain, la côte change. Voici brusquement que surgissent des falaises comme si une frontière invisible existait réellement entre la placide Angleterre de l’Ecosse tourmentée. Apparait alors le premier vrai château, Ayton Castel. Des tracteurs, quelques éoliennes, et enfin, le bouillard ! Alors que le temps était au beau fixe ! Heureusement, ça ne dure pas.

A ce moment du voyage, en approchant de Dunbar, le paysage est un enchantement. Par chance, la météo est clémente. Le soleil tombe sur les bottes de foin, à l’horizon on aperçoit un phare, le train longe des criques, une carrière, une église. De nouveau des prés, des centaines de moutons, des ruines romantiques. A mesure qu’on se rapproche du fleuve Forth, de nombreux étangs mouillent les terres. Et toujours, cet étonnant alignement de maisons, identiques. Elles apparaissent par petits bouquets de trois à douze, sur le même modèle ! Apparemment ici ça ne gêne personne d’avoir exactement la même maison avec le même porche et la même cheminée que les dix voisins autour. Elles semblent clonées.

 En approchant de Dunbar © Discovery Trains

Le train vers Aberdeen en gare d’Edimbourg

Le train arrive maintenant à Edimbourg (prononcer « Edi'nbô(r)a »), capitale de l’Ecosse. Il s’arrête successivement dans plusieurs gares de la ville et stope exactement sous le promontoire qui accueille l’obélisque d’Hamilton et la tourelle de la maison du gouverneur. Edimbourg est la ville du monde qui accueille le plus de monuments classés par l’UNESCO. Par la fenêtre du train, vous en avez déjà un tout petit aperçu.

Puis le voyage reprend. En quittant Edimbourg, de nouveau, la vue est magnifique. Le train s’élance sur le splendide Forth bridge, un pont rouge et puissant de 2,5 km inscrit sur la liste du Patrimoine Mondial par l’UNESCO. A ce moment, à bord du train, vous avez l’impression de rouler sur l’eau. Le large fleuve à gauche, la mer du Nord à droite, et notre train Azuma qui semble flotter au milieu.

Nous remontons le long de la côte écossaise. Sur les bords de l’eau, des bancs d’algues brunes. Sur la mer, des chalutiers et quelques plateformes pétrolières. Le jour qui décline nimbe le paysage d’une lumière d’or et d’argent. On croise un port de marchandises où tournoient des mouettes. Au niveau de Burntisland, c’est la lagune. Le vent souffle sur la plage et la mer, créant des chemins d’eau dans le sable brun.

 Le jour tombant rosit les paysages © Discovery Trains 

Beauté des paysages vers Dundee

Puis on approche de Dundee. Depuis la fenêtre train, cette belle ville de 160 000 habitants semble un village géant qui s’étale sur toute la côte. De nouveau, le train s’engage sur un pont impressionnant. C’est le Tay Rail Bridge, qui offre une magnifique vue sur le Tay Road Bridge. De nouveau, l’eau semble cerner le train et le soleil rasant traverse notre voiture de part en part. A l’horizon, sur les rives du fleuve, des collines disparaissent dans un dégradé de bleu brumeux. La mer du Nord est parsemée de frissons. C’est magnifique.

En gare de Dundee on croise les trains bleus de ScotRail qui partent sillonner l’Ecosse. Notre Azuma rouge et jaune reprend la route vers l’Est. Au loin, les deux ponts du Tay se superposent dans l’horizon qui rosit doucement. De petits voiliers terminent leur course sur les eaux du Tay. L’herbe toujours verte devient rase. Près de Montrose, on se croirait dans un tableau de Nicolas de Staël, avec des bandes de couleurs comme des lignes d’aquarelle. Nous voyageons au cœur d’un tableau abstrait, avec une superbe palette de bleus, de verts et de gris et d’or.

Voyage au coeur d'une aquarelle © Discovery Trains 

Aberdeen, terminus du voyage en train

La nuit tombe peu à peu. Mon voyage à Aberdeen touche à son terme. A est 21h10, le train entre en gare. Le trajet depuis Londres aura duré un peu plus de 7 heures. Cela parait énorme et pourtant, je n’ai réellement pas vu le temps passer. Du point de vue des paysages observés par la fenêtre, on peut affirmer que l'itinéraire entre Londres et Aberdeen fait partie des plus beaux voyages en train en Europe. Je n’ai pas encore pu admirer la dernière partie du trajet à cause de l'obscurité, mais je sais que je la verra lors que mon trajet retour. Pour aujourd’hui, le spectacle s’achève. Et quel spectacle !

Fin du voyage à Aberdeen © Discovery Trains