Par la fenêtre du train, à Java, Indonésie
mercredi 2 juillet 2025 | Voyage en train en Asie | Discovery Trains teste
Envie d'un train du bout du monde ? Discovery teste le voyage en train en Indonésie. Par la fenêtre du train javanais, les paysages et la vie du pays s'offrent comme un reportage.
Voyage entre Solo et Jombang avec Discovery Trains
Chez Discovery Trains, nous testons les trains avant de les proposer à nos voyageurs. Aujourd’hui, découvrons un voyage en train en Asie : direction l’Indonésie, et plus précisément l’île de Java. Une étape en train entre Solo (Surakarta) et Jombang, au cœur d’une île fascinante, entre traditions rurales et modernité urbaine.
Visite à bord : les compartiment 2e classe ne sont pas mal du tout ! Mais j'ai la chance d'être confortablement installé en première classe. Les compartiments sont spacieux, les sièges s’inclinent généreusement, les repose-pied sont amovibles et la climatisation est impeccable – un vrai cocon pour observer le monde défiler. Les annonces résonnent dans les haut-parleurs, d’abord en bahasa, puis en anglais. J'espèrais trouver un train aussi confortable que ceux que j'ai testé lors de mon voyage en Inde en train. Mais c'est encore plus confortable !
Laure, directrice de Discovery Trains, en voyage en train en Indonésie © Disovery Trains
Peu après le départ, un homme en uniforme traverse la voiture. Casquette à visière, veste bleu marine ornée de galons dorés, badge officiel au cou… On dirait un pilote d’avion ! Il s’agit du chef de train, représentant de la compagnie nationale KAI – Kereta Api Indonesia, qui pose avec bienveillance pour ma photo.
Le responsable du train - Java, Indonésie © Disovery Trains
Mais c’est de l’autre côté de la vitre que la magie opère vraiment : le spectacle à commencé.
Un défilé de paysages javanais
Rizières javanaises au fin juin © Disovery Trains
À peine quelques minutes après avoir quitté la gare de Solo, la grande baie vitrée du train ouvre sur une mosaïque de rizières. En cette fin de juillet, les champs sont d’un vert éclatant, presque irréel. Les rizières, parfaitement entretenues, évoquent des jardins bien peignés, irrigués par un réseau de petits canaux ordonnés.
© Disovery Trains
Le long du rail, je vois les travailleurs arriver, souvent à scooter, pour se rendre dans les champs. Certaines rizières sont en eau : les cultivateurs y repiquent les jeunes plants de riz. Dans les plaines, les motoculteurs ont remplacé les bœufs depuis longtemps. Ce n’est pas tout à fait le cas dans les régions montagneuses — comme à Jatiluwih, à Bali, site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO — où les animaux, et parfois les hommes, restent indispensables pour travailler la terre sur de fines terrasses.
Les bananiers jalonnent les abords des cultures. Sauvages ou cultivés, ils apportent au paysage cette touche tropicale typique.
La vie quotidienne se dévoile
À mesure que le train s’approche des zones plus urbanisées, le trafic se densifie. Le scooter reste le moyen de transport roi, soutenu par un carburant bon marché dans ce pays producteur de pétrole, dont le prix est maintenu bas grâce aux subventions gouvernementales.
le paysage se peuple de tokos (échoppes), de warung (petits restaurants), de mosquées de quartier aux dômes argentés. Parfois, une coupole surplombe un bâtiment modeste : c’est un Pondok Pesantren, une école coranique traditionnelle.
L’Indonésie est le plus grand pays musulman au monde, et Java en est le cœur spirituel. Pourtant, cette identité religieuse s’accompagne d’une grande tolérance et diversité. Et cela se voit aussi à bord du train.
Un service ferroviaire à l’indonésienne
Dans l’allée, deux hôtesses passent avec un chariot de snacks, façon service aérien. L’une porte un voile, l’autre non. Ce détail, anodin en apparence, reflète le quotidien indonésien ou les religions coexistent de manière très assumée. Un sodas, un paquet de biscuits, un sourire… Le service en première classe est soigné.
Garuda, symbole de l’unité
À l’approche d’un village, je distingue un monument peint en rouge et or, surmonté la silhouette majestueuse de Garuda, l’aigle mythique indonésien. Quelques kilomètres plus loin, c’est au cœur d’un rond-point de ville, devant un poste de police, qu’il trône à nouveau, doré, imposant. Ces emblèmes, visibles depuis la fenêtre du train, rappellent à chaque instant l’attachement profond des Indonésiens à leur unité nationale.
Issu de la mythologie hindoue, Garuda est devenu l’emblème officiel de l’Indonésie en 1950, peu après la proclamation d’indépendance de Sokarno en 1945 (reconnue en 1949 par les Pays-Bas). Présent sur les bâtiments publics, les écoles, les monuments ou les portails des institutions, il incarne la souveraineté du pays.
Dans ses serres, Garuda tient une bannière sur laquelle est inscrite la devise du pays :
“Bhinneka Tunggal Ika” – Unité dans la diversité, ou plus littéralement "Bien que différents, nous sommes un".
Sur sa poitrine, un bouclier illustre les cinq principes fondateurs de la nation, le Pancasila :
- Foi en un Dieu unique
- Humanité juste et civilisée
- Unité de l’Indonésie
- Démocratie guidée par la sagesse
- Justice sociale pour tous
Fleurs, cimetières et portails
Le train longe des frangipaniers (plumeria), dont les fleurs peuvent prendre plus de 120 nuances, du blanc au rose foncé en passant par le jaune, la couleur la plus répandue. Elles tombent en pluie douce sur les places des villages comme sur les piscines des hôtels de luxe. Leurs branches noueuses, souvent dénudées, avec seulement quelques feuilles et fleurs en leurs extrémités, semblent des doigts pointés vers le ciel.
Parfois, derrière un muret, j’aperçois un cimetière musulman, calme, ordonné, avec ses petites stèles blanches ou colorées aux extrémités arrondies. Un autre visage de l’Indonésie, dans sa simplicité.
Puis, à l’entrée d’un village, un portail rouge qui semble officiel surgit brièvement. Il célèbre l’anniversaire de l’indépendance : le 17 août 1945. Cette année, l’Indonésie fêtera ses 80 ans de liberté. Le chiffre est fièrement affiché. Une nation jeune, tournée vers l’avenir, mais attachée dans son histoire.
À Java, le voyage est dans le regard
Dans ce trajet entre Solo et Jombang, tout se passe par la fenêtre. Le train traverse la campagne, les villes, les traditions, les religions, les saisons, et parfois le temps lui-même.
Voyager en train à Java, c’est s’immerger dans un pays par ses paysages, mais aussi par sa culture quotidienne. C’est une lente découverte, attentive, presque méditative.
Et, à chaque virage, une nouvelle scène à photographier.